A mes maîtres bien aimés
"Mes cher Maîtres,
Le premier jour, ça m'a fait peur quand elle a ouvert la porte avec vos clés et qu'elle m'a appelé par mon petit nom. Mais j'avais trop faim et j'ai rien osé dire. Elle a cherché les croquettes un bon moment. C'est pas la peine de les cacher comme ça, j'vais quand même pas éventrer le paquet. Après elle a fait un truc bizarre : elle a touché la terre de TOUS les pots de fleurs. Elle a rempli d'eau la chose verte avec un long bec et elle a fait plein d'allers et venues. Puis elle est repartie et là j'avoue que j'ai eu un p'tit coup de cafard.
Le deuxième jour je l'attendais avec impatience. Quand elle arrivée je l'ai saluée poliment et j'ai frôlé ses jambes. Elle m'a dit : alors comment ça va gros père ? Gros père ! Quelle familiarité. J'ai un nom, je m'appelle Dadou. Mais bon, allez, donne-moi mes croquettes. Elle a recommencé le même manège avec les pots de fleurs. Par hasard elle est tombée sur MA petite brosse et là ce fut un pur moment de bonheur. J'ai pas pu m'empécher de ronronner même si elle m'avait traité de gros père. Et depuis on est bien copains tous les deux. Je l'attends derrière la porte, je lui dis merci quand elle me donne mes croquettes, je l'accompagne même sur le balcon dans ses allers et venues et après elle me brosse. Oui, tous les jours. J'ai jamais été aussi beau.
Vous rentrez bientôt ? Parce qu'elle est bien gentille la dame, mais elle veut jamais venir jouer avec moi dans mes coins favoris. Et puis c'est long toutes ces nuits sans vous sur le lit pas défait. Et regarder les voitures qui passent dans la rue ça va un moment, mais on s'en lasse. De toute façon il fait même pas beau et je suis sûr que vous seriez mieux à la maison. Alors quand est-ce que vous rentrez ?
Votre fidèle compagnon,
Dadou"