Polenta à la savoyarde

S'il est un plat traditionnel dans les deux Savoies, c'est bien la polenta (prononcez "polinte").

Vous connaissez sans doute cette semoule de maïs en vente dans les grandes surfaces, le plus souvent fine et précuite, que vous préparez en la jetant dans de l'eau bouillante.

Dans ma famille on la prépare différemment. Il faut tout d'abord, à défaut de polenta "grosse" que l'on ne trouve pratiquement plus dans le commerce, de la polenta "moyenne". Puis des gousses d'ail épluchées et coupées en deux ou trois, selon la grosseur. Du sel, du poivre, une ou deux feuilles de laurier.

Faites revenir les gousses d'ail dans un mélange d'huile et de beurre. Avant qu'elles ne prennent trop de couleur, ajoutez la polenta et faites la dorer.

Quand la polenta est bien dorée, ajoutez-lui trois fois son volume d'eau bouillante (l'idéal étant du bouillon de pot-au-feu) et les feuilles de laurier. Salez, poivrez. "Touillez" régulièrement (attention, la polenta fait de gros bouillons et gicle beaucoup). Comptez au minimum 45 minutes de cuisson en rajoutant régulièrement du liquide, jusqu'à obtention d'une purée épaisse.

La polenta ainsi préparée accompagne particulièrement bien les diots (saucisses) au vin blanc et la viande en sauce. Aimant mélanger les genres (mezclas raras dirait mon mari), je l'ai servie avec de petites saucisses de veau grillées et un mélange de "légumes du soleil" (aubergines, courgettes, tomates et cumin).

Originaire du Piémont, la polenta est arrivée en Savoie au XVIIIème siècle. Dans ma famille on racontait que c'étaient les bucherons "italiens" (le Piémont n'était pas encore italien à cette époque) qui l'avaient apportée avec eux et qu'ils en faisaient cuire de grands chaudrons en la "touillant" avec un bâton, d'où le nom de polenta au baton ou polenta à la barre.

On a tendance à oublier que ce plat traditionnel, qui semble faire partie de notre patrimoine, est originaire d'Amérique. On le doit à Christophe Colomb qui a découvert le maïs (et tant d'autres choses) à Cuba, en 1492. Puis aux libanais, qui l'ont cultivé à partir du XVIème siècle et enfin aux Portugais qui en ont répandu la culture.

Sans Cristobal, pas de tomates, ni de pomme de terres, courges, haricots, maïs, arachides, cacao, vanille,  ... dinde. Quand on y regarde bien, mon association polenta, tomates, courgettes n'a rien d'exotique. Ce n'est qu'un juste retour aux sources !

Comments

[Espera]

Pour Jo
C'est impossible ! on ne réussit JAMAIS aussi bien que la mère de son mari :-)

[Espera]

Pour Jacqueline
Ta polenta version sucrée doit être délicieuse. Il faudra que j'essaie.
Et tu me fais penser que j'ai une recette de gâteau de polenta. Je vais la rechercher. Merci !

[jo]

Tu vas faire un heureux ! Mon mari est moitié savoyard et normand ! Il me réclame souvent de la polente mais j'avoue ne pas la réussir aussi bien que sa mère !

[Sole]

Por hacer que tenga que desempolvar mi frances (no escribo tan bien como tu el uruguayo) y por traerme este plato de mi infancia.

[Jacqueline]

mmmh, encore un plat qui me fait penser à mon pays, ma mère en prépare de temps en temps et j'adore !
J'en ai fait une fois en sucrée (la revoilà la gourmande) : je l'ai fait cuire normalement et je l'ai versée dans un moule à cake tapissé de film alimentaire et j'ai laissé refroidir. Quand elle a durcit, je l'ai coupée en tranche comme un cake, poelée au beurre, et dessus on met ce qu'on veut : sucre, confiote, miel, nutella, compotes ....

bon weekend