Estela
Estela est née en 1932 à Santa Rosa, un petit village du département de Canelones en Uruguay.
Après son mariage à San Ramon, un village voisin, elle se consacre à l'éducation de ses trois enfants et à l'entretien de sa maison. Un chat, un chien, un jardin pour les légumes. Une vie simple. Elle n'a pas son pareil pour bouturer les fleurs, jasmin ou hibiscus, juste pour le plaisir.
Plus tard elle quittera San Ramon pour Montevideo avec ses deux filles et se débrouillera tant bien que mal avec la maigre pension que lui verse son ex mari et les enfants qu'elle garde.
Ses filles se marient et vient le jour où elle se retrouve seule dans son petit appartement. La vie n'est guère facile dans ce pays en crise et on ne lui confie plus d'enfant à garder. Son fils quitte le premier le pays pour la France, puis ce sera au tour de sa fille cadette pour l'Espagne.
Elle part alors vivre chez sa fille aînée, dans un vivero forestal (plantation d'arbres) près de Paysandú, où elle s'occupe de ses petits-enfants.
Vivero forestal Dr Horacio Ros de Oger (INC)
Son fils et sa belle-fille, venus lui rendre une trop courte visite de deux semaines, lui font une proposition incroyable : lui offrir un aller-retour Montevideo-Madrid pour aller voir sa fille en Espagne et faire la connaissance de sa dernière petite fille, Catalina. C'est un choc pour elle qui n'a jamais quitté son pays et n'est jamais montée dans un avion ... Mais comment vais-je voyager, seule ? mais comment, comment, comment ?
Estela
A près de 75 ans, elle est arrivée samedi dernier à Madrid, après plus de 24 heures de voyage, à 10.000 kilomètres de chez elle, "fresca como una lechuga" (fraîche comme une laitue) selon sa fille qui l'attendait à l'aéroport.
Aéroport de Madrid Barajas
(le plus beau qu'il m'ait été donné de voir)
Estela est ma belle-mère. Quand nous l'avons eue au téléphone peu de temps après son arrivée à Madrid, elle nous a simplement dit : "soy feliz, tan feliz" (je suis heureuse, si heureuse). Je l'admire beaucoup et j'ai eu envie de lui consacrer un billet.
Pour lui rendre honneur je vous propose LA recette uruguayenne incontournable, qu'elle prépare remarquablement bien : las milanesas. Je la remercie de s'être ainsi laissé photographier, elle qui n'a pas la moindre idée de ce qu'est un blog.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, las milanesas ne sont pas des escalopes à la milanaise mais des BIFTECKS à la milanaise. En Uruguay vous demandez au boucher de la "pulpa para milanesas", en France, où la coupe est différente, vous pouvez demander un morceau de gîte noix. Vous le coupez en tranches très fines. Belle maman les aplatit d'une poigne énergique ...
Elle enduit ses milanesas d'un fin hachis d'ail et de poivron rouge.
Elle les passe ensuite rapidement dans 2 oeufs battus auxquels elle a ajouté du persil haché, du sel et du poivre
puis dans de la chapelure, en les pressant bien.
Il ne reste plus qu'à les faire frire.
On les sert habituellement avec un filet de citron
et c'est réellement TRES TRES BON
(même pour une preque végétarienne comme moi)
Merci belle-maman !